CHRONIQUE 7

D’OU VIENT LA BELLE DE CADIX ?

« La belle de Cadix a des yeux de velours… tchikatchikatchi aïeaïeaïe »

Les personnes d’un certain âge et d’un âge certain – dont je suis – conservent, gravés dans leur mémoire, le refrain chanté par un Luis Mariano inusable, aux beaux temps où l’opérette hispanisante régnait en maître au Théâtre du Chatelet sur des générations de français et françaises profonds.

Si ce refrain permet aux français de connaître le nom de Cadix (sans la situer), Cadix mérite beaucoup mieux que cette mémoire d’opérette.

Surtout si - comme j’en ai l’obsession -, je tente de capter les mémoires accumulées en ces lieux depuis au moins 3000 ans, date approximative de son entrée dans l’Histoire. Autrement dit, environ 150 à 180 générations de toutes races, classes, sexes, âges dont les existences irradient magnétiquement ceux qui foulent son sol…

Cadix illustre le dicton ‘la Géographie fait l’Histoire’.

Cadix est construite sur une longue et étroite presqu’île qui protège des tempêtes venant de l’océan Atlantique une immense baie et rade où se jette plusieurs rivières issues de lagunes (dont le Guadalete et non le Guadalquivir remontant jusqu’à Séville et Cordoue).

Tout pour garantir sa postérité : une presqu’île aisée à défendre et une immense port naturel le long d’une côte sans aucun autre abri, à une journée de voile de Gibraltar.

D’où une succession ininterrompue de brillantes civilisations : Tartessos (-1000 à -500 avant JC), Phéniciens qui fondent la ville nommée Gadès en -1104 avant JC sur le même plan que Tyr (comment ont-ils pu venir à la voile du lointain Liban !), Carthaginois qui surpassent leur citée d’origine (-501 avant JC), Romains avec Gadir (-205 avant JC), Wisigoths (V° siècle), Maures la ville devenant Qâdis (711-1262 après JC)…


Surtout, Cadix devient une des plus riches citées européennes grâce aux
Grandes Découvertes : combien de galions espagnols ont déchargés sur ses quais les immenses fortunes d’or et d’argent accumulés dans Las Nuevas Indias ?

D’où un port stratégique attaqué par toutes les puissances possibles… surtout anglaises ! Jusqu’à la bataille de Trafalgar (21 octobre 1802) où Nelson détruit la flotte franco-espagnole ayant décidé de quitter sa position protégée dans la rade de Cadix.

La vieille ville de Cadix est l’héritière architecturale quasi-entièrement préservée du PORTO AMERICANA que Cadix continue à vouloir être par ses liens culturels (jumelage avec de nombreuses villes d’Amérique latine) et logistiques (port & cargos).

Enfin, Cadix est la citée où a été proclamée la 1° Constitution espagnole dite « de Cadix » en 1812 par les Cortes qui s’y sont réfugiés face à la destructrice invasion napoléonienne.


Cadix est plus qu’une belle aux yeux langoureux…


PJ : Patios intérieurs

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