CHRONIQUE 6

JE REVE D’ETRE MARSOUIN

Chacun espère durant ses navigations rencontrer Flipper le Dauphin…

Je crois que les marsouins sont encore plus joyeux, gais, taquins, joueurs, amicaux, sociables que les dauphins…

Les marsouins sont associés à mes souvenirs de lointaine jeunesse où ils accompagnaient en bondissant dans les sillages bouillonnants nos traversées familiales sur les ferry-boats reliant Tanger et Algésiras.

Là, miracle, je tombe par mer d’huile et au moteur aux approches de Gibraltar sur une bande de marsouins de tous âges et genres bagnaudant paisiblement en quête de bancs de savoureux poissons pour leur déjeuner.

Superbe, une chance de jouer à la course avec l’étrave, à qui ira le plus vite, avant de bifurquer à droite ou gauche de manière imprévisible… et de la rattraper lancés à toute vitesse !

Chacun essaie de gagner sa place, repoussant les uns et les autres d’un coup de bec ou d’épaule… tout en se tournant vers moi sur le côté, histoire de dire : « alors, tu as vu comme je suis bon nageur ! ».

Et c’est vrai, comme ils nagent à la perfection, de longues ondulations souples en reprenant d’un souffle leur respiration bruyante par leur narine au-dessus du corps : quelle grâce, quelle fluidité, quelle aisance, quelle volupté…

Je croise une autre bande juste au milieu de la baie de Gibraltar avant de passer le détroit, tout à fait apaisée, détendue, groupée… comme chez elle.

La taille du cerveau des marsouins est équivalente à celle de l’homme et son langage utilise un spectre sonore allant de la basse fréquence (1,5kHz) aux ultrasons (150kHz), qui parle mieux que les marsouins ?