CHRONIQUE 25

ANNIVERSAIRE

Lundi 19 août 2024 : Départ PORT CAMARGUE / FRANCE

Samedi 19 octobre 2024 : Mouillage PLAYA DE TAURO / GRAN CANARIA

Je saisis l’opportunité d’une date anniversaire ‘inventée’ (chaque seconde est un anniversaire…) pour me retourner sur mon périple avec PAX depuis 2 mois…

Autant dire que mon temps ressenti s’écoule plus rapidement - et en même temps plus intensément - que jamais …

Deux mois, pas grand-chose dans mon existence habituelle à terre ; perçus d’où je suis aujourd’hui, un monde !

Les souvenirs vécus dans ce court laps de 2 mois se bousculent dans ma mémoire, éveillant un flot d’émotions suscitées par des instants de vie contrastés - plus ou moins aisés à vivre - mais toujours intenses.

N’est-ce pas le but de tout voyage ?

En ce sens, mon errance nautique accomplit sa finalité existentielle… sans regrets ni remords pour une alternative sédentaire qui m’apparaît inimaginable d’où je vis.

Le soleil brûlant, les températures chaudes, l’eau turquoise, le ciel bleu, les brises douces, les nuits étoilées, les pleines lunes, les plages emplies de touristes en maillot sous leur parasol donne le sentiment d’être toujours en été (et donc en vacances !).

Alors que les tempêtes d’octobre frappent l’une après l’autre des lieux connus en France (Midi, Rhône, Loir-et-Cher, Pyrénées…), me rappelant les moments douloureux du report de mon départ il y a 12 mois.

Depuis bien avant le 19 août, je n’ai pas sorti une veste … et j’ai oublié où sont mes pantalons, chemises, pulls, chaussettes et chaussures de ville… ceci a-t-il pu exister ?!

Je suis surpris moi-même d’être parvenu où je suis… et toujours aussi préoccupé par où je pourrais bien être demain… mais sans concevoir tout retour en arrière.

Bien sûr mon errance implique une précaire incertitude…

Sans nul port ou mouillage où aller, ni revenir… en quête chaque jour du mouillage - ou plus rarement du port - susceptibles de me servir de havre provisoire selon une météo instable et capricieuse …  

PAX vogue de multiples sauts de puce de quelques milles, entrecoupés d’étapes petites (50 milles entre les îles Canaries) et moyennes (150 milles entre archipels), auxquelles s’ajoutent quelques rares longues traversées (350 à 450 milles, Port Camargue / Gibraltar, Cadiz / Madère).

En attendant – si Dieu le veut – la descente jusqu’aux îles du Cap Vert, puis – si Dieu le veut – la transatlantique vers les îles caribéennes.

Les longs moments passés au mouillage favorisent les retours sur moi-même, mes pensées vers mes proches – familles et amis -, l’écriture de chroniques valant ce que leurs éventuels lecteurs y mettront, le tout entrecoupés de regards sur les lieux qui m’entourent – des immeubles écrasants de l’hyper-tourisme de masse aux paysages désolés de bout du monde -…

… sans oublier les plaisirs quotidiennement entretenus des multiples bains et nages rituels, des repas sobres et réguliers (apéro du soir inclus), des soins du corps et de l’âme, des lectures spirituelles et des nuits apaisées (pas toujours !).

Bien sûr, PAX tangue et roule sans cesse bord sur bord – telle est la caractéristique des îles Canaries -, aucun mouillage – ni port – n’étant à l’abri… jusqu’à ce que le corps oublie que l’immobilité puisse exister !

J’aimerais offrir ces moments miraculeux aux nombreuses personnes qui m’ont aidé à les connaître, et plus encore à tous ceux et celles qui me touchent par leurs délicates sollicitudes et attentions envers moi.

Puissent ils connaître un jour – si tel n’a pas été encore le cas – la grâce de vivre !