CHRONIQUE 39

B(A)HUs

Le cul-de-sac LE MARIN me fait découvrir un nouveau concept nautique : les BHU… que je renommer B(A)HUs pour l’assonance et la précision.

Parmi les centaines de voiliers amarrés ou mouillés dans ses multiples anses, un certain nombre appartiennent à la catégorie BATEAUX (ABANDONNES) HORS D’USAGE (BAHUs).

Le PROJET D’AMENAGEMENT ET DE DEVELOPPEMENT DU CUL-DE-SAC DU MARIN ET DE LA BAIE MARIN / SAINTE ANNE le mentionne comme une de ses problématique-clés :

« Il s’agit pour la commune du MARIN de répondre à plusieurs problématiques constantes : la présence croissante de nombreux mouillages sauvages ainsi que de Bateaux Hors d’Usage (BHU) … nécessitant leur enlèvement »


Au port, nombre de bateaux paraissant ‘abandonnés’ sont amarrés sur les pannes les plus excentrés près des mangroves, leurs propriétaires continuant à payer leur place de port… certains servant malgré tout de ‘bateaux à loyer modéré’ (BLM).

Non loin de ces pannes dans une zone peu profonde, apparaissent des coques - regroupés les unes avec les autres – clairement abandonnées compte tenu de leur vétusté.

La navigation entre les multiples voiliers mouillés dans la rade laisse apparaître des mâts d’épaves coulées sur place, parfois signalées par les logiciels de navigation.

Un Chassiron Grande Croisière GC à l'abandon
(j'ai été propriétaire d'un Chassiron Croisière familiale CF durant 30 ans)

Partout apparaît le contraste entre des bateaux entretenus et des quasi-épaves dont on se demande depuis quand elles n’ont plus été visitées !

Dans le trou à cyclonePAX a trouvé momentanément refuge, des bateaux sont enfoncés dans la mangrove pour des raisons mystérieuses.

J’étais prévenu de l’existence de ces cimetières de voiliers dans ces ports de ‘bout du monde ‘, lieux qui m’interpelle à titre personnel.

Pour qui a quelque notion de la valeur d’un bateau – coque, grément, voiles, accastillage, moteur, électronique, électricité, mouillage, apparaux divers… -, je ressens ces ‘abandons’ comme un crève-cœur.

Un Euros des Chantiers AMEL sans mât d'artimon, la proue à toucher la mangrove

Ce sentiment est sans doute excessif dans la mesure où 10.000 bonnes raisons peuvent expliquer les destinées de ces BAHUs… motifs qui pourraient devenir ceux pour PAX !

Chacun les imaginera sans peine : épuisement du propriétaire ; impossibilité d’allers-retours réguliers ; sous-estimation des charges d’entretien ; héritiers refusant d’assumer la responsabilité d’un bien non-essentiel ; impossibilité de revente locale ; indifférence pour un objet ayant perdu sa valeur affective, etc.

Un ketch à l'avant totalement pris par la mangrove... avec son canot à ses côtés

Une autre interprétation prêterait une âme à chaque bateau… âmes prenant la décision – après avoir accompli leur destin de voilier au long cours – d’abandonner les hommes infidèles pour prendre quelques repos au cœur de baies emplies des fantômes des flibustiers, pirates et boucaniers…  avant de rejoindre le fond pour un repos éternel  parmi leurs mille épaves cachées…

Certes, toute chose a une fin ; mais comment s’effacer du monde sans laisser derrière soi les fantômes errants d’âmes abandonnées ?

Tout celà pour exprimer que je ressens beaucoup de tristesse pour la moindre de ces coques qui ont pour moi chacune une âme …

Puisse PAX échapper à une telle malédiction !

Que tous les BAHUs REPOSENT EN PAIX au cœur de leurs cimetières marins !


Valeurs affichées en créole sur une yole de régate

 


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