CHRONIQUE 51 CETACE SPEED DATING

PAX navigue sous sa configuration de voiles favorite - Génois + Artimon + Voile d’étai – grand largue bâbord amures porté par un bel alizé d’Est de 15 à 20 nœuds de vent réel.

Enfin quelques conditions de navigation reposantes après une dure nuit suivant le départ de TAIOHAE ...

Grosse houle croisée d’ESE, mauvaises vagues erratiques venant exploser sur l’arrière-bâbord, fréquent départs au lof provoqués par la poussée croisée des lames sur l’arrière et de la GV tout-dessus bien que choquée à fond, eau verte courant sur les passavants tribord, embruns salés partout – y compris sur la couchette de quart, grains à 40 nœuds, et pluies ininterrompues…

Les MARQUISES se sont-elles senties trahies ?

Difficile de restituer le mauvais temps... (tant mieux ?)

Bien heureusement, au moment où nous sommes, le ciel est uniformément gris et la pluie intermittente, mais la houle s’est apaisée et le vent est parfaitement maniable…

CAPTAIN CAP, éprouvé par ce départ en coup de vent, récupère en vaquant à une de ses occupations préférées : découvrir comment les polynésiens ont colonisé le plus vaste territoire maritime qui soit au monde grâce à leur maîtrise des techniques de navigation ! 

Pour rappel, la surface du Pacifique dépasse la surface totale des terres émergées...

Il parcourt avec passion un ouvrage magnifique acquis dans l’unique librairie-papeterie de TAIOHAE - le premier lieu où il découvre quelques ouvrages à acheter sur les Marquises aux Marquises - ... grâce à une ‘métro’ pris au piège des lieux il y a une quinzaine d’années (merci à elle de ses choix de lecture éclairés dans ce bout du monde !).

SUR LE CHEMIN DES ETOILES Navigation Traditionnelle et peuplement des îles du Pacifique d’Eric CONTE, un scientifique patenté ayant travaillé sur le sujet en Polynésie depuis plus de 30 ans, publié par une maison d’édition basée à TAHITI, AU VENT DES ILES… mille mercis à tous ceux qui ont permis un tel ouvrage magnifiquement savant et illustré !

Les coordonnées du choc entre PAX et la baleine anonyme

BOOOMMMMM… grand choc sourd à l’avant sur l’étrave !

PAX s’arrête net malgré ses 12 tonnes lancées à 6 nœuds… puis après un léger saut de cabri étrange compte tenu de ses formes rebondies, il repart très doucettement…

CAPTAIN CAP soulevé dans les airs (il lui en faut peu compte tenu de son poids ultra-light de cracotte allégé) bondit de son siège dans le carré avant de jaillir furieux dans le cockpit …

Comment a-t-il pu négliger un récif isolé sur la route entre TAIOHAE et l’atoll d’AHE ???

Son regard se porte vers l’avant : clairement, pas de continents, d’îles, de côtes, de rochers, d’écueils, de récifs, de plages, de ports en vue qui auraient échappé à la sagacité croisée de GARMIN, NAVIONICS et SHOM 7371 !

La mer déserte à l’infini comme à l’accoutumée, le Pacifique est à sa bonne place et ses terres dispersées itou !

Parfois, de gigantesques évidences s'avèrent nécessaires pour apaiser un cerveau dérangé !

Son regard se tourne alors vers l’arrière, allez savoir pourquoi puisque le choc s'est produit à l'avant ?

ENERGIE = Masse (12t) x (Vitesse (6 noeuds) x Vitesse))

CAPTAIN CAP découvre à son immense stupeur le long dos noir/grisé d’un superbe cétacé nageant perpendiculairement – en venant de tribord (droite) - à la trajectoire de PAX !

Les détails se gravent dans sa rétine tant ce MOBY DICK malgré lui se trouve juste derrière la poupe de PAX … d’une belle longueur estimée proche de celle de PAX.

Le busque avant de sa tête, son évent grand ouvert (il en a comme CAPTAIN CAP le souffle coupé), sa pointue nageoire caudale… sa large queue se perdant dans les eaux sombres !

L’esprit hagard de CAPTAIN CAP est traversé de pensées folles…

·       Est-il blessé par le tranchant de la proue, de la quille, de l’hélice ou du safran ?

·       Va-t-il tel MOBY DICK se lancer furieux pour heurter de sa tête la fragile coque de PAX ?

·       D’autres cétacés en bande sont-ils avec lui tentés par les mêmes représailles ?

Le temps d’un éclair pour constater qu’aucune de ces hypothèses ne semble se confirmer, CAPTAIN CAP dégringole la descente pour se saisir de son arme fatale, j’ai nommé le SAMSUNG GALAXY 33 (c’est la marque et le modèle du moment).

La passe de l'atoll d'AHE au petit matin 

(un peu en avance sur l'étale de basse mer)

Peine perdue… le cétacé sans doute vexé - on le serait à moins - n’a pas demandé son reste ; le temps d'ouvrir l’icone photo, le voilà disparu dans les abysses sans fond !

CAPTAIN CAP est tenté de lui crier « REVIENS ! » pour immortaliser l’évènement incongru pour l’un et l’autre… histoire de se remettre de semblables émotions bien que les Syndromes de Stress Post-traumatiques ne se comparent pas !

Rien n’y fait, peut-être par crainte de devoir rédiger un constat amiable aux torts partagés :  CAPTAIN CAP pour ne pas veiller 24/24 7/7 en respectant les règles de priorité à droite à l'égard des cétacés ; le cétacé pour s’être endormi pendant sa sieste en éteignant son sonar avant ultrafin.

Quant à PAX, plus de peur que de mal : aucun avarie visible ou caché, merci à lui ... mais pas question de se livrer à de telles galipettes à chaque traversée !

CAPTAIN CAP met à votre disposition le jour, l’heure et les coordonnées de la rencontre aussi brève que marquante si vous deviez passer par là.

Histoire de ne pas manquer votre CETACE SPEED DATING !

Mouillage d'AHE à frôler le récif et sa balise rouge