CHRONIQUE 61 DE L’AUTHENTIQUE A LA SACRéE

PAX s’octroie un jour de rab à HUANINE L’AUTHENTIQUE.

CAPTAIN CAP souhaite s’affranchir d’une double procrastination :

·         ; renouveler la cambuse en aliments frais à FARE, le village principal de l’île, dans un SUPER U, son enseigne -référence à Port Camargue ;

·       ; oser mouiller PAX sur le platier peu profond d’eau turquoise … malgré la présence de pâtés de corail et une couche de sable trop superficielle pour que l’ancre y croche profondément.

Chose dite, chose faite ; pour relever le premier défi, le second s’impose… et les vents se sont assoupis, enfin !

Ancre de PAX délicatement posée sur le sable du platier 
... pour un mouillage sans une ride de vent of course !

PAX pose délicatement sa SPADE par fond de 3,60 m d’eau translucide parmi les (trop) nombreux catas qui encombrent le mouillage proche du port… et réassortit sa cambuse en fruits, légumes, viandes et poissons frais d’un opportun coup d’annexe à FARE.

Après ces accomplissements inouïs, il est temps le lendemain matin de rejoindre RAIATEA, visible par beau temps d’HUAHINE… aidé par une brise VOLVO-PENTA de pétole méditerranéenne.

RAIATEA est grande par plusieurs traits : par sa superficie, par son mana… et par son accueil marin rébarbatif, les trois faisant système si l'on en croit le grincheux CAPTAIN  CAP ?

RAIATEA est la 4° île par la taille après TAHITI et NUKU HIVA et HIVA OA (Marquises)… ceci sans inclure l’ile de TAHAA au nord partageant le même lagon … il aurait suffi qu’une mince langue de terre émergé les relie – plutôt que moults récifs coraliens encombrant le passage entre les deux - pour devenir la plus grande île de Polynésie.

                                                

Pierre des sacrifices humains du marae des TAU-'AITU, les prêtres-ascètes prononçant les tapu et rendant hommage aux dieux

S’ajoute à une configuration physique classique – monts élevés, abrupts et boisés (TEFATOAIHITI, 1017 m) / baies multiples / cordon coralien récifal / lagon avec passes -, le privilège d’un mana émanant du site de TAPUTAPUATEA.

TAPUTAPUATEA est considéré par les autorités autorisées comme ayant été le centre politique et spirituel du TRIANGLE POLYNESIEN (Hawaï / Nouvelle Zélande. Île de Pâques) (et du passé ré-inventé au présent imaginaire, il n’y a qu’un pas !).

Selon les légendes polynésiennes, TA’AORA - le dieu originaire créateur du monde -, crée la terre en plantant son phallus à TAPUTAPUATEA, devenu le Rocher d'investiture. Puis il multiplie les dieux démiurges créateurs du ciel, des étoiles, des îles, avant de donner naissance avec sa fille HINA, au dieu ‘ORO, dieu de la fertilité et de la guerre.

                                                 

Le marae HAUVIRI avec en son centre le Rocher d'investiture (non accessible) sur lequel était intronisé le nouveau ari'i portant la ceinture de plumes rouges et jaunes 

TI’I, le premier homme créé enfin par TA’AORA, donne naissance avec HINA, la déesse de la lune, aux premières familles dominantes des Iles de la Société - les ari’i rahi - quasi-dieux seuls habilités à porter la ceinture de plumes rouges et jaunes après leur investiture à TAPUTAPUATEA.

TAPUTAPUATEA devient le lieu sacré où les ari’i rahi (les ‘nobles’) mettent en relation TE PO – le royaume des dieux – et TE AO - le monde des hommes-, la planète VENUS plantée au dessus du site, soutenus par les prêtres, les bardes, les danseurs, les artistes & artisans, les domesticités… sans oublier les vaillants guerriers et leurs pirogues de guerre !

TAPUTAPUATEA s'affirme comme le lieu du culte au dieu ‘ORO, culte entretenu pas des sacrifices humains et des danses de fécondité, espace terrifiant tapu interdit aux humains ordinaires.

TAPUTAPUATEA assure la fonction de centre politique du Triangle polynésien, où sont réglés les successions entre aînés et cadets - et donc les conflits entre tribus -, les cadets étant conduits à explorer l’immense Pacifique pour y fonder leurs propres maraes.

                                           

Rocher sculpté moderne symbolisant le Triangle polynésien entouré de ses archipels     

D’où la passe sacrée de TE VA-MO’A - par laquelle PAX a pénétré dans le lagon face à TAPUTAPUATEA – franchie après tous les rites imaginables accompagnant le départ / retour – des grandes pirogues doubles allant / revenant des HAWAI, MARQUISES, TUAMOTU, AUSTRALES, NOUVELLE ZELANDE…

Bien entendu, il restait peu de chose de ces ruines ensevelies sous les sables coraliens et les végétations lagunaires – à peine quelques légendes orales -, ressuscitées grâce à un long travail de fouilles et de reconstitutions étalé sur une cinquantaine d’années, initié et conduit par les meilleurs archéologues hawaïens.

Le tout couronné par le classement par l'UNESCO du site au PATRIMOINE MONDIAL DE L’HUMANITE en 2017.

Plaque de bronze gravé du classement de                                                                                    TAPUTAPUATEA au Patrimoine mondial de l'HUMANITE

CAPTAIN CAP se retient de dire tout ce qu’il pense de ces « retours du sacré refoulé » qui n’assument pas leur nom, en rejetant dans le néant tout ce qui ne mérite pas leur onction (‘Vérité en deçà de l’UNESCO, erreurs au-delà’).

Surtout qu’ayant mouillé au plus près du ponton flottant proche du site – comme l’y invite l’ancre marquée à cet endroit par NAVIONICS -, CAPTAIN CAP est invité sans aménité à aller mouiller beaucoup plus loin, sur de rares bouées disparues, ou non entretenues, au milieu de nulle part…

Il découvre à l’usage que tout mouillage est interdit PAR PRINCIPE dans les 2 îles de RAIATEA et TANAA … sauf 7 + 3 lieux expressément désignés et uniquement sur les bouées disponibles ; règlement dont il faut soi-même trouver le décret paru au Journal officiel de Polynésie - en décryptant ses multiples pages de jargon juridico-administratif - … mouillages le plus souvent exposés aux vents, aux fonds trop profonds, coraliens, rocheux, éloignés des ports ou villages, sinon payants.

Affiche d'entrée du site 

RAIATEA – avec OTUORU comme ‘capitale’ des Iles-Sous-le-Vent – ne peut mieux signifier pour le grognon CAPTAIN CAP irrité par un coup de vent qui n'en finit pas haché de mouillantes averses : ‘allez faire voir votre pirogue - simple comme double (les plus nombreuses aujourd’hui) - le plus loin possible AILLEURS !’

Ainsi vont les îles Au-vent comme Sous-le-vent, perlifique, magique, authentique comme sacrée…

                                            

Plan du marae de TAPUTAPUATEA


POUR PLUS D'INFORMATIONS TOUTES FRAICHES :

EN IMAGES. L'arrivée de Hokulea à Taputapuatea dignement fêtée tps://share.google/xiR2lRjH4Xy6XJYJp 

Commentaires

  1. C’est vrai que quand on voyage on a spontanément tendance à être certain qu’on est toujours le bien venu partout ou du moins pas le mal venu nul part …. la réalité rappelle parfois sèchement que ce n’est pas toujours le cas, et qu’on reste avant tout un étranger qui débarque et ce de ça seule décision. Les voyages forment la jeunesse et l humilité 😅

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  2. Oui... et le plus délicat pour moi est de chercher à comprendre ces attitudes à partir de grilles d'interprétation profondes ou actuelles... Ex : pourquoi les Marquises et selon moi dans une moindre mesure les Tuamotus me semblent plus accueillantes que les Iles de la Société ? Mon hypothèse-clé serait le "rapport à la mer" : la mer est ouverte aux Marquises ; fermée mais immense aux Tuamotus ; étroite et resserrée dans les lagons à la Société. Donc à la Société, tout le lagon doit leur appartenir comme une chose sacrée inviolable... même si c'est absurde logiquement ! A discuter...

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    1. je pense qu’il faut aussi chercher du côté de l’époque glorieuse De Gaulle / Chirac / Gaston Floss et du flot d’argent tombé du ciel sur une population non préparée, mal éduquée, pour acheter le silence du nucléaire. Tahiti été inondée d argent facile, Bora et les îles sous le vent ont vu leur tourisme exploser, la société habituée à vivre isolée et de peu, s’est mise à vivre subitement comme des américains … créant l’envie, l’individualisme et le délitement des liens sociaux qui maintenaient cette population et culture. phénomène que chacun peut reconnaître à travers l histoire du consumérisme
      À l’inverse, les Marquises sont restés, pour le meilleur et le moins meilleur, isolée géographiquement et donc socialement du consumérisme intense, peu de visiteurs, peu de moyens, peu de possibilité de bouger … donc obligation de savoir vivre ensemble et envie d’ouvertures à travers les rencontres des qques visiteurs de passage. Idem pour les Tuamotus, cet archipel pelé ou vivre se rapproche plus de survivre en comparaison des standards européens … dans ces conditions, l’accueil relève de l’obligation sanitaire pour quiconque vit la bas et vu les rencontres et occasions de se divertir si rares, … au risque de devenir fou s’il on s’abstient. Bora / Tahiti d’un côté et Marquises / Tuamotu de l’autre avec cela on à les deux extrémités de l’échelle … au milieu il y’a des îles plus ou moi d’isolés, plus ou moins arides dont le niveau d’accueil à l’étranger est corrélé de mon point de vue. A toi de confirmer Captain Cap Levi Strauss 😄

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    2. Je partage ton analyse plus historique en termes politique, économique et social. Les îles de la Société ne vivent pas au même rythme que les MARQUISES / TUAMOTU, avec des rapports sociaux différents pour les raisons que tu évoques. Je dirai en synthèse que les politiques 'achètent' le silence de la marginalisation des populations des îles de la Société en 'sacralisant' au-delà du raisonnable leurs lagons comme élément 'visible' de leur inconscient collectif. Le gouvernement actuel du Président BROTHERSON (indépendantiste gendre de TEMARU et élu des ILES SOUS LE VENT !) verse dans la surenchère sur ce sujet (120 délégués à l'UNOC3 à Nice !)

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