CHRONIQUE 63 SI J’AURAI SU ... J’AURAIS PAS VN’U

PAX est mouillé sur le platier de TIAMOO, l’un des deux mouillages ‘gratuits’ de BORA BORA, sur fond d’eau turquoise de 4 à 5m ... parsemé de boomies (patates de corail) dont certaines entre 50 cm à 80 cm de la surface (grrrrr).

Et comme chacun sait, PAX cale 1,80m + 0.50m (pied de pilote) = 2,30 m,..   contrairement aux catamarans qui l’entourent...  avant qu’ils ne décident de voguer vers d’autres mouillages en abandonnant PAX à sa solitude.

CAPTAIN CAP en a des sueurs froides – après coup ! – et s’est cru obligé à un large PMT pour : a) anticiper sur les changements d’orientation des vents ; b) identifier un ou deux possibles chenal de sortie, obligatoirement à midi plein.

S’il n’y avait que cela pour entretenir le caractère bougon de CAPTAIN CAP !

Boomies à ras le safran de PAX... 
plein de poissons de récif (pas besoin d'aller loin !)

Formulé en des termes savants, la problématique – malheureusement déjà évoquée dans des chroniques précédentes - peut être formulée comme suit : quel est le point de bascule où les coûts de transaction pour accéder à un nouveau pays vous font renoncer à aller dans ce pays ? (ne parlons même pas d'en profiter !)

CAPTAIN CAP est confronté au challenge – non pas nautique mais bureaucratique – suivant : 

PAX durant son périple des 3 prochains mois est conduit à faire escale dans 5 pays : les îles COOK (île de Rarotonga), les îles TONGA (île de VAVA’U), les îles FIDJI (îles de VANUA LEVU & VITI LEVU), le VANUATU (île de TANNNA) et la NOUVELLE CALEDONIE (Nouméa) [1].

D’aucuns diraient « la chaaaannnnceeee ! » ... c’est qu’ils ne connaissent pas leur chance a) de ne pas voyager hors de leurs frontières (Union Européenne pour les européens) ; b) sinon de voyager hors de leurs frontières en prenant l’avion comme tout le monde.

Pour PAX, minuscule voilier de 11.95m x 3.60m x 1.80m, avec une unique personne à bord – surtout CAPTAIN CAP ! - , c’est une immense galère sans fin !

Quelques exemples expliquant (sans les justifier !) les mauvaises pensées de CAPTAIN CAP pas si Cap ça s’agissant de bureaucratie ...

Heureusement, la nature nous offre des arc-en-ciel porteur d'optimisme... 

 1 RAROTONGA (10.800 habitants), capitale des îles COOK, exige d’être prévenue par la fameuse ADVANCED NOTICE OF ARRIVAL (ANA) 48h avant son arrivée ... comme tous les autres pays ci-dessus.

Sans prendre en compte l’impossibilité de prévoir la fenêtre météo de la traversée, ni de maîtriser la vitesse de PAX selon les conditions de navigation.

Naturellement, interdiction de descendre à terre avant la disponibilité des ‘officiels’, ni même de s’amarrer au quai... alors qu’il n’y a aucun mouillage disponible (sauf à risquer de le faire en plein milieu du minuscule port).

La procédure est encore plus complexe pour PARTIR de RAROTONGA... le délai annoncé pour obtenir la clearance étant de 3 jours durant lesquels il faut remplir de nouveaux formulaires - avec des informations encore plus détaillées que les formulaires d’entrée !- pour les différents Services ... et le départ doit être immédiat dès la clearance signée sans prise en compte des conditions de mer.

Conclusion : la durée prévisionnelle de l’escale est au minimum égale à la durée des formalités d’entrée + la durée des formalités de sortie ; soit 3 j + 3 j en excluant le samedi et surtout le dimanche qui est sacré dans toutes les îles du Pacifique (sauf surcoût dissuasif)... le tout en payant les formalités d’entrée comme de sortie en cash NZ$ est-il précisé sur les sites (où trouver des NZ$ AVANT de faire escale, mystère !).

Conséquence : CAPTAIN CAP est conduit à lancer la demande de clearance au moment où il parvient à bout des formalités d’entrée... en espérant que les prévisions météo soient au rendez-vous rejoindre RAROTONGA ... et en partir !

Le lagon de BORA BORA est assez grand pour que 
des catas de sortie à la journée y naviguent sous voiles hautes tout dessus

 2 Les TONGA ont - selon CAPTAIN CAP - la palme de la complexité paranoïaque... ou intéressée ?

Les formalités usuelles ci-dessus ne valent que pour UNE SEULE ÎLE ! Il est nécessaire de les REPETER dans chaque île visitée ... en annonçant en avance lesquelles selon un calendrier précis !

Conclusion : inutile de dire que sur les 170 îles réparties en 3 archipels que comptent les TONGA, CAPTAIN CAP ne prévoit pour le moment... qu’une unique escale à NEIAFU sur l’ile de VAVA’U au nord... escale qui promet d’être épique sur de mauvaises bouées gérées par des hôtels-restaurants miteux sans adresse mail ni téléphone !

Sinon, il reste la capitale NUKU’ALOFA sur l’ile de TONGATAPU au sud... même régime mais un peu plus ‘luxueux’ grâce à son palais royal dominant le port sorti des rêves les plus fous ?

L'ancien cratère de volcan au cœur de BORA BORA... 
jamais le même selon  les heures et les angles

 3 Les FIDJI sont sans conteste les grands triomphateurs du cancer bureaucratique aigu de l’aveu des nombreux croisiéristes sur le site de référence NOONSITE !

A travers les FIDJI, il est aisé de démonter la mécanique diabolique de la prolifération des métastases bureaucratiques :

     Des formulaires interminables à remplir et envoyer complets AVANT VALIDATION DE l’ANA multiplient les informations demandées jusqu’à l’absurde.  Ex : la marque et le type du réflecteur radar, de l’annexe, du moteur HB après avoir passé tout l’électronique, le métal et la couleur des mâts, des œuvres mortes / vives /pont / roof / passavants... Il faut même ‘coller’ une photo de PAX à l’emplacement dit (essayez sur un PDF !).

     Des restrictions à l’importation inapplicables pour un voilier de grande croisière portant sur des biens de consommation courante (œufs, graines, miel... en sus des fruits & légumes, viande & poissons...), sans compter l'alcool, surtout sur un navire battant pavillon français.

Une multiplication des autorités à qui envoyer ces formulaires – ce qui signifie multiplication des visites de contrôle et des bureaux éparpillés à droite à gauche à l’arrivée ET au départ selon une séquence complexe, toujours moyennant cash ... un seul pouvant bloquer L’ENSEMBLE DE LA PROCEDURE...

Pour ceux et celles que ça intéresse :)

Ainsi les métastases bureaucratiques prolifèrent selon la formule suivante :

X Temps pour trouver les imprimés

X Temps pour trouver les adresses mails

 X Nombre d’imprimés à remplir

X Nombre d’informations / pièces justificatives différentes à donner

X Nombre de consignes à respecter

X Nombre de services à qui adresser ces formulaires

X Nombre de visites sur place à réaliser en intégrant distance + temps

X Nombre de demandes par îles visitées

X Nombre de procédures à l’entrée + sortie

X Montant et occurrence des frais normaux et surfacturés à payer à toutes les étapes

X Montant des pénalités annoncées pour non-respect

X Facteurs x, y, z... inconnus (patience du capitaine, utilisation d’un agent local...)

Sachant que les ILES FIDJI regroupent parmi les plus beaux spots de croisière au monde...  [2]

Il reste le VANUATU avec l’île de TANNA pour une prochaine chronique !

 

SI J’AURAI SU... J’AURAIS PAS VN’U !



[1] Bien entendu, cela va sans dire, mais autant le répéter : SI DEUS QUIZER ! (si Dieu le veut !)

[2] CAPTAIN CAP atténue ses critiques en croyant savoir que les marinas des FIDJI – dont certaines sont modernes  - jouent le rôle d’agent intermédiaire entre les visiteurs et les tentaculaires services fidjien (à confirmer).

Commentaires

  1. Tu as tout compris, plus c'est complexe plus tu a besoin d'un intermédiaire qui connais les ruages et les tarifs de bagchich pour faire circuler les validations. Ceci s'appelle Um despachante au Brésil... Pays connu pour sa corruption ou on peux encore avoir son permit de conduire sans savoir conduire. Donc renseigne toi si dans les ports il n'as pas un. service de dédouanement comme à Fidji

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