CHRONIQUE 5

ON S’FAIT UN SAFRAN D'MINUIT ?

Qui n’a entendu parler des orques-tueurs (killer-whale en anglais) ?

Plus exactement, des attaques par des bandes d’orques des bateaux à voiles, sous la forme du déchirement jusqu’à l’arrachage de leurs safrans, complété par des coups de boutoirs portés aux coques susceptibles de provoquer des voies d’eau conduisant à leur naufrage, et quoiqu’il en soit à de graves avaries.

Sous peine de poursuites, je tiens préciser que selon la novlangue, il est interdit de parler d’ « attaques », mais ‘obligé’ d’utiliser l’euphémisme d’« interactions » (sic).

Chacun y va de son interprétation des comportements ‘agressifs’ des orques, de la « revanche contre une blessure provoquée dans le passé par un navire inconscient » au « jeu socio-éducatif entre jeunes mâles dominants »…

Il n’en reste pas moins que toute personne traversant des eaux où de telles ‘interactions’ se sont multipliées navigue dans la terreur de voir surgir un ou plusieurs grands ailerons reconnaissables entre tous fonçant sur son frêle esquif !

Ça tombe bien, j’ai traversé – de nuit de plus – la principale zone concernée, entre Gibraltar et Cadix, en passant en particulier devant le port de Barbate et le Cap Trafalgar 😊

Les consignes proposées sont claires – une fois écartée la plus radicale sérieusement évoquée par les ‘spécialistes’ : interdire toute navigation dans ces zones, soit de Gibraltar à la Galice, en particulier entre juin et août, la période de reproduction !!!

Plus concrètement, dans la panoplie des comportements animaux FFF (Freeze / Flight / Fight), oser FREEZE : autrement dit, éteindre le sondeur, couper le moteur, affaler les voiles, éviter les comportements agressifs (jet d’objets, cris & gestes…), surtout débloquer la barre et ne pas la toucher compte tenu de ses mouvements incontrôlées… en priant pour que les orques se lassent du jeu !

Chacun y va également de ses ‘recettes’ magiques : mettre le moteur en marche arrière en faisant des lacets (combien ?), jeter du sable dans la mer (stockés par sacs de 5 kg…), taper sur une barre de fer de 2,5 m (pratique à transporter), verser de l’eau de javel (combien de litres ?), faire sonner sa corne de brume (ça marche avec un cor de chasse ?)

J'oubliais : il faut prendre des photos des orques afin de les transmettre aux Centres de recherche ; vous me voyiez leur dire "cheese, c'est pour la photo", surtout de nuit !

De fait, tout le monde a le doigt sur le bouton rouge distress de sa VHF, son grabbag à portée de main, prêt à sauter dans son canot de sauvetage (une fois les orques partis prennent soin de préciser les autorités compétentes - on ne sait jamais -, les orques pourraient trouver que je tire une gueule de safran !)

Heureusement, le réseau de recherche espagnol de référence ORCA IBERICA (pro-orques) affiche VERT pour la zone majeure d’attaque par les orques que je traverse… en m’appliquant à naviguer dans des fonds de moins de 20 mn ... quand c'est possible !

Je respire une fois parvenu à Cadix, mais tout peut arriver demain…

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