CHRONIQUE 23
PAX FRICHTI
Je vais tenter d’aborder une question délicate pour moi :
que vaut le PAX FRICHTI ?
Certains de mes amis appréhendent le monde à travers le goût… un peu comme moi à travers
l’Histoire, ou d’autres à travers les couleurs, odeurs, sons, personnes…
Pour eux, un voyage nourrit leur palais de saveurs
inédites, subtiles, originales, ouvrant la voie à des relations sociales
chaleureuses : que serait un plat gouteux sans partager son plaisir avec ceux
qui l’offrent avec joie ?
Leur mémoire gustative est – pour moi – absolument inouïe : tel plat, composé
de tels ingrédients, avec telles saveurs, avec telles personnes, servi par tel
serveur dans tel restaurant, sinon à la maison pour telle occasion, à telle
date & lieu…
Leur maxime de vie est : dis-moi ce que tu manges, où,
quand, comment, pourquoi, à quel prix, je saurai ce que tu vis !
Malheureusement, autant demander à un aveugle de décrire un
paysage, un sourd de garder la mémoire d’un refrain, un muet de déclamer des
poèmes, la nature ne m’a pas doté de notables facultés gustatives…
Non pas que je n’apprécie pas un bon met, accompagné d’un bon
vin, dans un beau cadre, servi par des gens avenants, avec des amis choisis,
que nenni !
Mais ma pulsion gustative n’a pas la puissance autorisant
mes amis concernés de soulever des montagnes… libido reconnaissable entre
toutes à des mots tels que :
« alors, qu’est-ce que tu
aimerais manger, j’ai pensé à tel plat ou tel plat, mais je peux aussi préparer
tel met ou tel met, la dernière fois je l’ai bien réussi quoique …, sinon nous
pouvons aussi aller au restaurant, un tel est ouvert, ça fait longtemps que je
n’y ai pas été, tel plat est sa spécialité, je sais aussi que tu aimes ça oui
ça, il sait le faire … et pour le vin et le dessert …. ?
Ceci a minima un mois avant ma venue … alléluia, je
les trouve magnifiques !!!
Comment expliquer mon handicap sensoriel qui me conduit à me nourrir plus qu’à vivre en dégustant la vie oralement ?
Difficile à dire : limites physiologiques (des papilles
peu fines faiblement connectées aux synapses de la mémoire), éducation
alimentaire austère (peu de peu), longue pratique de la gamelle (internat,
demi-pension, armée, RU…), addiction aux rites (mêmes menus à la même heure), crainte
d’être déçu par les restaurants à touristes (no coment)…
… et d’autres causes plus obscures telles que ‘un homme
qui n’éprouve pas toujours la faim prend le risque de s’endormir sur lui-même’
… mais c’est aussi ce qu’éprouvent les amoureux du goût !
Bref tout ceci pour dire que le frichti à bord de PAX
se compose de 1 menu standard au petit-déjeuner, 1 menu standard pour le
déjeuner avec 2 options, 4 + 1 extra menu pour le diner… il est vrai accompagné
d’une lichette de Vino Tinto, sans oublier une ‘mousse’ en apéro, ça
limite mes choix !
… et l’unique motif pour rejoindre le rivage est d’assurer la
continuité de mes routines alimentaires en termes de frais (pain, fruits, légumes
& œufs) … le reste étant grandement assuré par un stock conséquent de
conserves adéquates à bord.
Bien entendu, j’ai eu l’opportunité de manger à terre lors de
mes visites à Madère… mais - contrairement à d’autres équipages de voiliers -,
mon désir « d’aller manger au restaurant » - même et surtout
au fin fond d’un mouillage isolé – pour goûter des plats différents dans un
cadre différent avec des gens différents, n’est assez fort pour me pousser à briser
mes carcans alimentaires (donc psychiques !).
Disons également qu’un bon repas sans amis est une vie
sans sel…
Mais tout peut encore changer, ne désespérons pas du PAX
FRICHTI… 😊
Je ne sais pas à qui tu fais référence hehehe.... Le plaisir de bien manger est réjouissant... Encore plus quand on le fait avec des amis... Se Deus quiser on le refera dans l'autre bout du monde
RépondreSupprimerpense à stocker les bonnes choses (j’inclus les conserves dedans 😄) avant de quitter l’Europe ! car plus loin tu ne trouveras plus rien (ou bien le supermarché des États Unis / le déversoir de ce que l’ agroalimentaire US fait de mieux et qu’on appelle Panama) … et en particulier le chocolat noir (le vrai) …. entre Canaries et Polynesie c’est le désert ou ça coute une blinde (antilles françaises / US).
RépondreSupprimerChez nous ce soir c’etait q’nelles ! 😉
Le chocolat, j'en manque toujours... je dévalise le prochain rayon rencontré !
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