CHRONIQUE 28
PLONGEES
Je choisis ce mot quelque peu ambitieux pour des barbotages
à fleur d’eau, plutôt que l’anglicisme snorkeling (« faire
du tuba ») ou les savants Randonnée palmées ou subaquatiques, sinon
le règlementaire Nage PMT (palmes/masque/tuba)
Je reconnais mes immenses limites dans l’exploration
de cet immense domaine subaquatique toujours largement inconnu, ne serait-ce
parce que je ressens immanquablement le désagréable sentiment de manquer d’air bien
avant d’atteindre les 5 m de fond (j’ignore comment font les autres ?).
Il me reste à barboter dans l’estran des récifs à fleur d’eau
- en laissant suavement mon corps aller et venir au gré des houles et vagues en
bonne compagnie d’une vie marine à ma portée de PMT… tout en prenant garde de
ne pas érafler mes fragiles œuvres vives sur quelques rochers tranchants !
J’ai jusqu’ici plutôt été déçu par la richesse des quelques ‘fonds’ – plutôt les rivages – explorés durant ces quelques semaines ; tant la flore (algues, coquillages…) que la faune (poissons et autres assimilés) m’ont semblé pauvres et peu attrayantes.
Mes ‘modèles’ sont peut-être trop élevés, ma référence
personnelle étant le tombant de pointe sud de l’île de BAGAUD dans l’archipel
des îles d’Or près de Hyères.
Las Ihlas DESERTAS et surtout SELVAGEM – toutes
deux réserves marines - m’ont fait découvrir des poissons nouveaux n’éprouvant
aucune crainte face au surprenant animal amphibie à quatre nageoires et grosses
branchies qu’ils ont déjà ajouté à la liste de multiples espèces parfaitement connues
par eux (il est toujours vexant de constater qu’une cervelle de poisson a plus
de mémoire que la vôtre !).
Le mouillage de PAX devant la PUNTA ROJA (pointe rouge)
au sud de l’île de TENERIFE m’a réconcilié avec mes randonnées subaquatiques,
sans pouvoir m’expliquer pourquoi en ce lieu plus qu’ailleurs de multiples
espèces et individus se sont données rendez-vous (peut-être par mimétisme avec
l’instinct grégaire des naturistes tout proches ?).
Le fait est que j’ai trouvé en ce spot de lave rouge
une abondance de poissons de toutes espèces se nourrissant à qui mieux mieux au
milieu de rochers battus par les flots – mais point trop étant à l’abri de la
pointe – et cohabitant comme toujours dans la nature selon le principe « pousse
toi là que je m’y mette ! ».
J’aimerai modestement partager ma surprise en découvrant deux espèces inconnues de moi précédemment... en vous priant de bien vouloir accepter toutes les excuses pour mon ignorance des grands fonds.
Le poisson-perroquet (une de ses multiples variantes va sans dire !) m’est
apparu à Las Ihlas DESERTAS où j’ai été surpris par sa taille imposante
et sa placidité – sinon sa curiosité - face à ma modeste personne : les
voilà nageant vers moi, leur bec de perroquet tranchant en avant comme pour
dire « on va goûter un peu de cette grosse limace blanche pour enrichir l’ordinaire »…
heureusement, ils ont rapidement compris qu’un rocher mobile n’entrait pas dans
leur mœurs.
Le poisson-trompette (idem précédemment) m’a interloqué en me laissant sans voix (pas facile avec l’embout du tuba) : les voilà pointant leur museau dont on ne sait s’il s’agit de la tête ou la queue avec un profilage du corps et des nageoires dont on ignore comment il lui permet de se mouvoir ! Cependant, ils semblent aussi effarouchés que moi, sans doute pour les mêmes raisons : où la nature va-t-elle chercher tout ça ???
Et puis il y a les autres espèces plus communes (d’après ma cervelle infra-piscicole) – sars, saupes, oblades, bogues… -, la palme de l’agressivité revenant au plus petit d’entre eux, le castagnole au bleu profond ; allez savoir pourquoi, on se croirait sur terre ?
Toutes ces belles protéines animales à portée de main avivent
ma faim de navigateur solitaire à la cambuse monotone de plus en plus vide … mais
il me faudrait vivre une métamorphose à laquelle peu d’êtres survivent : avoir
la patience de devenir pécheur à la ligne quelles que soient les techniques !
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