CHRONIQUE 30

NEO-DERTAL

Chaque mouillage réserve ses surprises, pour moi plutôt les plus solitaires.

Plus encore les criques ceintes de falaises volcaniques dont les strates violentes mêlées de rouges, blanc, gris, noirs tombent à pic au ras de maigres plages de galets géants.

Tel est le décor de CHINGUARIME au SE de l’île LA GOMERA.

Après les manœuvres usuelles de mouillage ouvrant vers trois jours de ressourcement, quelle n’est pas ma surprise de constater que PAX offense par sa danse de bouchon dandinant, la solitude conquise de haute lutte par des NEO-DERTALS.

Comment nommer autrement les néo-habitants de ces cavernes inaccessibles que mes jumelles tentent de deviner dans les chaos des éruptions géologiques ?  

Les guanches – lointains découvreurs des îles Canaries – prisaient les grottes naturelles creusées par l’érosion dans les couches tendres de ces falaises ensoleillées tournant le dos aux vents dominants.

Leur aménagement témoigne de leur longue fréquentation : d’étroites sentes accrochées aux surplombs des strates dures conduisent à des replats donnant sur des abris sous roche, souvent partiellement clos par un mur de pierres sèches.

Sans doute pour se préparer au prochain tsunami géant provoqué par l’effondrement du volcan MARAPI de l’Ile de TENERIFE à portée de vue, des NEO-DERTALS ont réinvesti les lieux.

Le rez-de-jardin le plus sophistiqué avec ses barres de bois verticales
 permettant de descendre les toiles le jour et les remonter la nuit !

Extraordinaires pratiquants survivalistes renouant avec les passés archaïques les plus profonds en prévision des mégas-apocalypses futures !

Certains choisissent de loger au dernier étage, à flanc de falaise tombant à pic sur 50m de hauteur - sans doute pour la vue imprenable-, l’accès des plus étroits faisant frémir un sabot de chèvre.

D’autres préfèrent le rez-de-jardin avec plage en terrasse, malgré les galets grondants sous les incessants va-et-vient de la longue houle canarienne (murmure constant intransmissible… produisant le sable où les ancres crochent !).

D’autres encore plutôt que de larges grottes – sans doute au-dessus de leurs moyens - se tapissent dans des trous étroits à peine visibles décelables à la couleur de leur toile de protection.

N’imaginons pas les NEO-DERTALS vivre sans confort !

Ils se laissent repérer en plaçant devant leur grotte des toiles colorées les protégeant du soleil brûlant dans la journée, installations pouvant être plus qu’audacieuses (allez accrocher votre toile dans la roche en surplomb à 5 m de hauteur le long d’une falaise à pic !).

Quant aux intérieurs 1 Room All Included plus ou moins douillets, je demeure assailli d’interrogations : comment sont-ils parvenus à transporter à dos d’homme tous les matériels nécessaires pour boire et manger, se laver et dormir, s’occuper et s’entretenir ?

Mystère de la vie anti-confort exigeant plus encore qu’ailleurs un confort minimal…

La tache claire au milieu de la falaise 
est une toile de tente...

Manifestement, je n’ai pas perçu une quelconque convivialité NEO-DERTALIENNE… chacun semble survivre seul – parfois en couples – surgissant furtivement de toute leur blanche nudité adamique de leur trou profond pour leur bain matinal, apéritif ou vespéral.

J’imagine les premiers anachorètes et cénobites se nourrissant de sauterelles et de lézards jusqu’à perdre la parole dans les déserts syriens…

La nuit, de faibles lumières bleues, blanches, oranges piquettent les rives obscures du mouillage trahissant des existences imperceptibles de jour, comme d’ultime signes de vie au milieu des obscurités du monde.

Et l’un d’entre eux – qui je crois vient de repartir vers la ‘civilisation’ – frappe à coups redoublés - 3 fois le jour - les rythmes obsédants de son Concerto pour tam-tam et galets Koechel N° Fin des temps.

Reconnaissons la sagesse de leur folie : les propriétaires-bailleurs n’ont plus donné signe de vie depuis quelques siècles et les autorités compétentes ont d’autres touristes plus solvables à fouetter !

Certains diront, pourquoi ne pas avoir noué conversation et plus si affinités ?

Mais que partager entre solitaires épris de solitude, sinon la perturber ? 

Si si, c'est une grotte habitée... 

 

 

 

Commentaires

  1. Tu n'as rien compris,. C'est une tournage de Kho Lantha... Blague à part, je n'ai pas' compris... Il y a du monde dans ses cavernes ? C'est bizarre, je ne les trouvent pas sur Booking ni Airbnb...

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  2. 😄😄 ça alors c’est vraiment original ! … et toujours quand on ne s’y attend pas 😂
    Moi je me demande surtout comment ils ont fait pour stocker l’anthologie de Weber, Braudel, Schumpeter et consors … nécessaires à toute survie en milieu hostile !! 😂 rien que pour ça ça vaudrait le coup de prendre contact avec eux, non ?! 😄

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