CHRONIQUE 35
PASSAGERS
CLANDESTINS
Lors de ses pérégrinations marines, PAX est parfois saisi par
le sentiment selon lequel la mer serait infiniment vide de vie.
Ou alors, si elle est pleine de vie – ce dont personne ne doute -,
elle le cache bien.
Reconnaissons déjà qu’elle est pleine d’eau de mer – et pas
qu’un peu !
Donc qui dit eau – même salée (quel gâchis) ! – dit
vies, et pas qu’un peu !
Evidemment, toutes les créatures prospérant dans la mer ne
sont pas tenues de signaler leur vie à chaque navire de passage, PAX plus qu’un
autre ; elles devraient attendre trop longtemps pour avoir une chance d’en
croiser ne serait-ce qu’un dans leur vie...
Donc lorsque PAX croise un peu de vie sous forme de passagers
clandestins, le voilà tout surpris.
Les premiers passagers clandestins semblent l’être malgré eux pour leur plus grand malheur.
Il s’agit des exocets dits poissons volants qui ne
trouvent rien de mieux que de venir s’échouer sur le pont de PAX.
PAX a remarqué que cette collision se produisait (presque) toujours sur le
pont tribord (droite) et jamais bâbord (gauche).
PAX en a tiré la conclusion logique que cela était dû à son
propre refus de priorité à droite, les exocets provenant du côté droit
s’attendant à ce qu’on leur laisse la priorité de vol.
Les poissons volants laisse bien la priorité à PAX à (bâbord) gauche
– sinon comment expliquer qu’aucun ne s’échoue jamais sur ce bord ?- ;
pourquoi PAX ne leur laisserait pas la priorité à tribord (droite) ?
PAX a depuis collé un panneau sur le flanc de la coque à
tribord indiquant que le bateau n’étant pas maître de sa manœuvre, les exocets
lui devaient le passage s'ils tenaient à la vie (les poissons volants ne sont pas censés
savoir que PAX ne dispose pas encore d’un système de freinage ABS).
Depuis plus un seul exocet ne s’est égaré sur aucun pont…
malgré leur présence multiple révélée par l’apparition soudaine de l’étrave de
PAX tranchant avec lenteur une mer impavide.
Le second passager clandestin est découvert caché dans le cockpit sous la barre à roue en tâtonnant dans le noir dans la nuit précédant l’atterrissage sur MINDELO.
Un coup de lampe-torche pour découvrir qu’il s’agit d’un
passager à plumes : un PUFFIN
CENDRE (semble-t-il !) qui a éprouvé un coup de foudre pour PAX sans doute lors de son passage
aux îles SELVAGEM GRANDES.
Il ou elle – allez deviner quand vous n’êtes pas
puffin ! – est resté d’un calme olympien durant toutes les multiples
manœuvres d’approche des îles de SANTHO ANTAO et SAO VICENTE qui ont agité le cockpit… comme si
tout allait de soi.
Une fois le tout terminé – si tant est qu’on n’en a jamais
terminé avec les manœuvres -, la question s’est posée : s’agit-il d’un
petit bonjour/bonsoir ou d’une installation plus durable ?
PAX est sur ce point d’une clarté de cristal : l’Arche
de Noé a déjà répondu à la question du voyage en équipage élargi, désormais chacun chez soi et les puffins
seront bien gardés.
Le voilà donc exigeant du Captain Cap – dont l’absence de
courage face à la gent animale n’est plus à démontrer - de se saisir
délicatement du puffin en surveillant attentivement la pointe de son bec aussi
recourbé qu’acéré…
… et de le jeter par-dessus la rambarde dans le vide – l’eau
n’étant qu’à quelques dizaines de centimètres au-dessous – en pariant que le
puffin amical étant parvenu jusqu’au cockpit en volant, il saurait en repartir
par le même chemin.
Et miracle, le puffin amical pris son vol sans le moindre
effort… certes en frôlant quelque peu la surface de l’eau, mais personne ne lui
reprochera !
Il est également d’autres passagers ‘clandestins’ potentiels
plus ou moins clandestins.
Ainsi de cette annonce sur NAVILY où une personne originaire
d’Afrique de l’Ouest (toute proche) propose de contribuer aux frais de
passage à la hauteur de 1.850€ pour parvenir jusqu’aux Caraïbes… bien plus que
le prix d’un billet d’avion au tarif normal !
Et puis il y a des personnes qui – au milieu du chaos du
monde – poursuivent imperturbablement leur chemin sans douter de rien, ni d'eux-mêmes ni des autres.
PAX n’a pas du tout été tenté : il a une sainte horreur
du vélo (il rame assez comme ça tous les jours pour en plus pédaler...) !
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