CHRONIQUE 40
FOU DE OUF !
A chaque moment du périple, son oiseau marin fétiche…
Jusqu’à Cadix, le cormoran est resté l’oiseau de mes bons
présages, comme il l’a toujours été pour moi sans trop savoir pourquoi
(peut-être son ubiquité entre terre et mer ?).
A partir de Madère et jusqu’au Cap Vert, le puffin cendré
a régné sans partage sur mes longues étapes au large… jusqu’au pèlerinage sacré
sur leur sanctuaire des Iles SELVAGEM !
Et chacun s’en souvient, un puffin cendré – sans doute mandaté par ses congénères - a trouvé refuge de nuit dans le coin le plus sombre du cockpit de PAX juste avant son atterrissage sur le port de MINDELO … avant que je me décide – au moment de parvenir à bon port - à le restituer à ses éléments naturels !
A peine la MARTINIQUE en vue, les FOUS (heureusement
identifiés par Vincent & Carine) m’ont accueilli de leur vol planant autour
de PAX, l’air de dire « d’où vient-il celui-là, qui c’est
celui-là ?.... ».
Depuis, ils semblent que les FOUS se soient donné le
mot pour m’accompagner d’île en île… quitte à en prendre à leur aise envers PAX.
Lors d’un saut de puce entre les îles de BEQUIA et CANOUAN, je vais et viens entre le cockpit et le carré, la circulation maritime étant dense sur ces routes parcourant le chapelet des Petites Antilles du Nord au Sud et inversement.
PAX
marche de manière satisfaisante grand large bâbord amures poussé par un vent de
Nord-Est entre 10 et 15 nœuds (idéal !).
En hissant ma tête hors du capot, quelle n’est pas ma
surprise de trouver un FOU posé sur la rambarde du côté au vent juste
avant le balcon avant !
Il avait plané magnifiquement autour de PAX - comme
lors de mon arrivée (mais seul cette fois) -, comme attiré magnétiquement par
cet étrange volatile aux deux ailes blanches, verticales et asymétriques propres
au grément de ketch.
Mettons-nous à la place des FOUS : quelle
incohérence de tenter de survoler les flots avec un dispositif vélique aussi
aberrant pour le moindre FOU inexpérimenté … quoique porteur puisque PAX fend
majestueusement les flots toutes voiles déployées…, ce qui manifestement rend
fou les FOUS !
Ce FOU s’est dit : voyons à quoi ressemble ce PAX immaculé filant sur l’eau tout en étant porté par les vents comme moi … et puis cela m’évitera de me mouiller les pattes pour mon goûter de 4 h ?!
Comment un FOU palmipède parvient à garder son
équilibre sur une rambarde inox arrondie alors que PAX roule et tangue
au rythme des vagues, impossible n’est pas FOU ?!
Just do it! semble-t-il me dire alors que je le mitraille à coups de SAMSUNG
une fois revenu de ma surprise : « si même les FOUS squattent
PAX alors qu’il navigue tout dessus en eaux libres, jusqu’où
allons-nous ? »
Monsieur le FOU semble cependant vouloir s’incruster à
demeure malgré les efforts déployés pour préserver son équilibre précaire :
« je n’avais jamais vu la mer sous cet angle posé sur un balcon… c’est
sympa, pas besoin de voler ni de se mouiller les plumes… c’est quand qu’on
arrive ? ».
Je me décide à l’approcher de plus près SAMSUNG au poing comme bouclier … sans qu’il en soit effarouché le moins du monde : il tourne vers moi sa tête extraordinairement dessinée toute en couleurs l’air de dire : « salut, tu te décides enfin à faire un brin de causette ! ».
Mais je ne maîtrise pas tout à fait la langue des FOUS,
sachant que je n’ai jamais entendu le moindre son ou cri de leur part… des FOUS
muets (belle utopie !) ?
Sur un geste d’approche trop brusque, le FOU décide de
retourner à ses éléments naturels, l’air – il tourne autour de PAX
non sans regret en lorgnant sur ses belles rambardes inox - avant d’aller se
poser dépité dans le clapot marin, histoire de se remettre de tant de
folles émotions.
Complètement OUF ces FOUS !
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