CHRONIQUE 55 ATOLL LOTOPHAGE
PAX
erre de mouillage en mouillage dans l’immense ATOLL DE FAKARAVA.
PAX
a pénétré dans son lagon par la passe GURUAE au NORD, la plus
large passe de Polynésie (1,3 km utile) d’une profondeur de 10 m au minimum… ce
qui explique l’escale dominicale du cargo-mixte local déversant son lot de
marchandises, de locaux de retour de TAHITI et de touristes nautiques.
PAX
a mouillé son ancre – non sans appréhension des patates de corail parsemant les
fonds de sable coralien - devant le village de ROTOAVA, le chef-lieu de
l’atoll, 5 milles plus loin en suivant le chenal balisé.
CAPTAIN CAP ressent intensément l’atollitude lotophage d’espaces hors-temps.
Pour le reste, quelques longues rues de terre battue tracées à
angles droits ; des bicoques basses de bric et de broc perdues sur de vastes
terrains vagues jonchés de débris végétaux ; de maigres végétations buissonnantes poussant par ci par
là sous des cocotiers épars ; des véhicules hors d’âge bon pour la casse,
outre les classiques pickups du plus vétuste au flamboyant ; des cimetières
dispersés aux tombes délabrées ; nulle trace d’aisance affichée…
L’intérêt de rendre visite à chaque ‘magazin’ est qu’on
n’y vient pas pour acheter ce que l’on cherche (surtout pas des œufs et
fruits et légumes frais… sauf des pommes !), mais pour découvrir ce
qu’il serait par miracle possible d’y trouver !
Outre tailler la bavette avec les proprios de service pour découvrir
les dernières nouvelles (CAPTAIN CAP a conseillé à une vaillante
propriétaire usée sous le hanois de visionner l’ode au petit commerce du film LE
SCHPOUNTZ !).
Chacun coupé les uns des autres en habitat dispersé – qui
accentue l’impression de faible densité - dans leurs bosquets de
cocotiers et autres plantes capables de survivre dans des sols coraliens secs
et arides… comme pour mieux cacher leur vie secrète ?
Côté Océan l’infini ; côté lagon, l’infini.
Unique différence : les grandes houles et les vents d’Est côté Océan ;
le clapot et les vents d’Est, côté lagon ; les fonds incertains parsemés
de récifs côté lagon… les puissants courants longeant la barrière de corail côté
Océan.
PAX fait un saut de puce de 30 milles du nord au sud sur cette mer intérieure pour rallier le mouillage de HIRIFA (Sud-Ouest)… le soleil dans le dos en milieu de journée… comme préconisé pour déceler les hauts fonds à leur couleur plus claire (comme s’il était toujours possible de naviguer dans cette configuration idéale !).
CAPTAIN CAP relève que le chenal de navigation longe le récif – même
s’il existe un chenal direct Nord / Sud au milieu du lagon [1].
Les habitats – ou lieux de débarquement - se trouvent sur le récif et non au milieu du lagon, sachant que le récif offre des repères pour naviguer, ainsi que de multiples mouillages protégés des vents d’est… la grande angoisse étant de dériver au milieu du lagon au milieu de nulle part - de jour ou pire de nuit – cerné par des haut-fond à fleur d’eau !
Le voilà mouillé sur fond de sable coralien immaculé - sans
la moindre ombre bleu outremer de colonnes baroques de corail - dans le spot
de carte postale d’HIRIFA, à 5 milles à l’est de TETAMANU,
près de la passe Sud de TUMAKOHUA.
Au-delà jusqu’au minuscule îlot de TETAMANU au loin, s’étend
un immense cordon de sable aux couleurs insaisissables long de 10 km sur
lequel les vagues déferlent - plus ou moins - selon les courants, les marées,
les dénivelés…
Paysage mouvant à la puissance hypnotique.
L’atoll est un piège lotophage…
[1] A noter
que l’atoll de FAKARAVA est classé « Réserve Biosphère » par
l’UNESCO, avec la quasi-totalité des atolls de l’archipel des TUAMOTU - à
l’exception notable de RANGIROA (ouest) et des îles du Roi Georges
(nord-ouest). Conséquence : le chenal balisé emprunté par PAX – ainsi que
le mouillage décrit plus bas -est en « zone grisée » sans aucune
mention de fond sur GARMIN ; seul NAVIONICS comporte encore ces données en
clair. NB : le respect des zones grisées de l’atoll de FAKARAVA conduit à
limiter les mouillages devant les deux villages de ROTOAVA (nord) et TETAMANU
(sud), en empruntant le chenal central non balisé qui les relie… et normalement à n’utiliser que les 4 bouées
posées à cet effet … indisponibles.
Eh oui Captain Pax, la Serendipité est partout … même, et surtout, dans les échoppes désespérées perdues au bout du monde ! 🤣😆🤣
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