CHRONIQUE 55 ATOLL LOTOPHAGE

PAX erre de mouillage en mouillage dans l’immense ATOLL DE FAKARAVA.

PAX a pénétré dans son lagon par la passe GURUAE au NORD, la plus large passe de Polynésie (1,3 km utile) d’une profondeur de 10 m au minimum… ce qui explique l’escale dominicale du cargo-mixte local déversant son lot de marchandises, de locaux de retour de TAHITI et de touristes nautiques.

PAX a mouillé son ancre – non sans appréhension des patates de corail parsemant les fonds de sable coralien - devant le village de ROTOAVA, le chef-lieu de l’atoll, 5 milles plus loin en suivant le chenal balisé.

CAPTAIN CAP ressent intensément l’atollitude lotophage d’espaces hors-temps. 

PAX au mouillage de ROTOVOA

ROTOVOA (850 habitants) présente tous les signes extérieurs de la francho-polynézitude :  mairie flamboyante, école primaire et sa cantine séparée luxueuse, bureau des PTT jaune-citron et ses vitales antennes VINI (opérateur cellulaire local), halle et terrains de sport, cabinet de santé avec son infirmière, allée de lampadaires solaires, lieu de tris écologiques (cannettes, verre, bouteilles plastiques… mais de poubelles hazardeous)

 

Une mairie flambant  neuve ... et le parking réservé au véhicule de M. le Maire de ROTOVOA 

S’y ajoute un port décent avec son long quai de béton sans houle où s’amarre la barge à tout faire faisant la navette avec le cargo-ravitailleur ; sa station-service attenante servant véhicules et bateaux ; et plus que tout, une piste d’aéroport avec un hall original dans le style local par lequel transite annuellement 30.000 touristes (une promesse de J. Chirac dans la grande période Gaston FLOSSE…  honorée bien après son départ m’a-t-on dit !).

Pour le reste, quelques longues rues de terre battue tracées à angles droits ; des bicoques basses de bric et de broc perdues sur de vastes terrains vagues jonchés de débris végétaux ; de maigres végétations buissonnantes poussant par ci par là sous des cocotiers épars ; des véhicules hors d’âge bon pour la casse, outre les classiques pickups du plus vétuste au flamboyant ; des cimetières dispersés aux tombes délabrées ; nulle trace d’aisance affichée…


Une voirie simplifiée adaptée aux lieux... 
un éléphant blanc abandonné daté de 1922 (un phare qui n'a jamais été installé)

Unique exception : une magnifique église parmi les plus originales visitées à ce jour… et les locaux moderno-fonctionnels de l’EGLISE DES SAINTS DES DERNIERS JOURS quelques pas plus loin… Dieu est au moins bien logé en ayant le choix des lieux !

Magnifique église de ROTOVOA avec ses lustres tissés de cauris

N'oublions pas les 2 ‘magazins’ qui tiennent plus du bazar général que de la supérette de quartier ; on y trouve pêle-mêle des perceuses sans fils chinoises et des merguez polynésiennes, de l’huile de vidange moteur diesel et des whiskies JAMESON blended (leur complémentarité saute aux yeux !).

L’intérêt de rendre visite à chaque ‘magazin’ est qu’on n’y vient pas pour acheter ce que l’on cherche (surtout pas des œufs et fruits et légumes frais… sauf des pommes !), mais pour découvrir ce qu’il serait par miracle possible d’y trouver !

Outre tailler la bavette avec les proprios de service pour découvrir les dernières nouvelles (CAPTAIN CAP a conseillé à une vaillante propriétaire usée sous le hanois de visionner l’ode au petit commerce du film LE SCHPOUNTZ !).

Heureuse économie des panneaux indicateurs !

Du village épars part une route cimentée longeant en ligne droite la langue de terre émergée au-dessus du cordon récifal le long de laquelle s’égrènent de multiples LODGES – plutôt luxueux -, des prestataires de DIVING, une ferme perlière

Chacun coupé les uns des autres en habitat dispersé – qui accentue l’impression de faible densité - dans leurs bosquets de cocotiers et autres plantes capables de survivre dans des sols coraliens secs et arides… comme pour mieux cacher leur vie secrète ?

Côté Océan l’infini ; côté lagon, l’infini. 

Unique différence : les grandes houles et les vents d’Est côté Océan ; le clapot et les vents d’Est, côté lagon ; les fonds incertains parsemés de récifs côté lagon… les puissants courants longeant la barrière de corail côté Océan.

La barrière du platier de corail... lorsqu'elle existe ! (la plupart des atolls sont délimités de manière quasi-invisible par des plages de corail à à fleur d'eau sans motu (îles) sur la majeure partie de leur pourtour

PAX fait un saut de puce de 30 milles du nord au sud sur cette mer intérieure pour rallier le mouillage de HIRIFA (Sud-Ouest)… le soleil dans le dos en milieu de journée… comme préconisé pour déceler les hauts fonds à leur couleur plus claire (comme s’il était toujours possible de naviguer dans cette configuration idéale !).

CAPTAIN CAP relève que le chenal de navigation longe le récif – même s’il existe un chenal direct Nord / Sud au milieu du lagon [1].

Les habitats – ou lieux de débarquement - se trouvent sur le récif et non au milieu du lagon, sachant que le récif offre des repères pour naviguer, ainsi que de multiples mouillages protégés des vents d’est… la grande angoisse étant de dériver au milieu du lagon au milieu de nulle part - de jour ou pire de nuit – cerné par des haut-fond à fleur d’eau !

Chenal de 30 milles (60 km) ne laissant pas le loisir de vaquer à autre chose

PAX slalome entre les balises rouges (côté lagon) et vertes (côté récif) (pas toujours encore existantes, mais pour celles en place, clignotantes féériquement la nuit) … en évitant les nombreux hauts fonds d’eau bleu-turquoise intense entre lesquelles se faufile le chenal.

Le voilà mouillé sur fond de sable coralien immaculé - sans la moindre ombre bleu outremer de colonnes baroques de corail - dans le spot de carte postale d’HIRIFA, à 5 milles à l’est de TETAMANU, près de la passe Sud de TUMAKOHUA.

No coment...

Et là, les mots manquent… malgré les nombreux voiliers parsemés dans l’immense mouillage d’eau turquoise abrité des vents d’est par les cocotiers du motu, le temps semble suspendu dans le jeu infini de couleurs inouïes !

Au-delà jusqu’au minuscule îlot de TETAMANU au loin, s’étend un immense cordon de sable aux couleurs insaisissables long de 10 km sur lequel les vagues déferlent - plus ou moins - selon les courants, les marées, les dénivelés…

Paysage mouvant à la puissance hypnotique.

L’atoll est un piège lotophage…

Tombe sur le motu du mouillage de TUMAKOHUA à côté des ruines d'une maison en dur de plan français dont le linteau au dessus de la porte d'entrée conserve la date de 1879




[1] A noter que l’atoll de FAKARAVA est classé « Réserve Biosphère » par l’UNESCO, avec la quasi-totalité des atolls de l’archipel des TUAMOTU - à l’exception notable de RANGIROA (ouest) et des îles du Roi Georges (nord-ouest). Conséquence : le chenal balisé emprunté par PAX – ainsi que le mouillage décrit plus bas -est en « zone grisée » sans aucune mention de fond sur GARMIN ; seul NAVIONICS comporte encore ces données en clair. NB : le respect des zones grisées de l’atoll de FAKARAVA conduit à limiter les mouillages devant les deux villages de ROTOAVA (nord) et TETAMANU (sud), en empruntant le chenal central non balisé qui les relie… et  normalement à n’utiliser que les 4 bouées posées à cet effet … indisponibles.

Commentaires

  1. Eh oui Captain Pax, la Serendipité est partout … même, et surtout, dans les échoppes désespérées perdues au bout du monde ! 🤣😆🤣

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